Association professionnelle suisse du travail social

Langage inclusif en travail social

La langue façonne notre pensée et peut participer à exclure certaines personnes, à les rendre (in)visibles ou encore à favoriser leur sentiment d’appartenance. Le langage utilisé par les professionnel·le·s du travail social exerce ainsi une influence directe sur la manière dont iels sont entendu·e·s et perçu·e·s par autrui. De ce fait, il est crucial d’adopter une communication inclusive pour interagir avec les destinataires du travail social, les autres professionnel·le·s et collègues de travail, les institutions et les autorités, sans compter que cela contribue largement à concrétiser des changements nécessaires dans la société en termes d’égalité et d’inclusivité.

Le présent document de référence explique en quoi consiste le langage inclusif, pourquoi il est important, comment son utilisation professionnelle se justifie et quelles recommandations concrètes peuvent être mises en œuvre.

La brochure peut également être téléchargée en format PDF.

1. Introduction

Dans le discours sur l’utilisation du langage inclusif, les contre-arguments portent souvent sur son esthétisme et sa mise en pratique plutôt que sur les raisons ou les effets de son usage. Selon Gygax, Zufferey et Gabriel (2021), ces réactions peuvent s’expliquer par une mésinformation, une compréhension rigide de la langue, une forme de sexisme ou une acceptation du système androcentré et inégalitaire de la société. Pourtant, utiliser le langage inclusif, c’est comprendre que son utilisation permet de modifier les représentations du monde : la société influence le langage autant que le langage influence la société.

L’influence de la langue sur les rapports sociaux fait depuis longtemps l’objet de discussions, notamment dans le cadre de campagnes politiques. En Suisse romande par exemple, les tentatives de restreindre l’utilisation d’un langage respectueux du genre se sont multipliées au sein des partis, bourgeois sous influence notamment de l’opinion conservatrice de l’Académie française. Ainsi, ces dernières années, plusieurs cantons suisses ont interdit l’utilisation d’un langage non genré dans leur administration ; le canton de Genève a par exemple édicté des directives en ce sens en 2022. Cela a pour effet d’institutionnaliser et de renforcer une certaine hostilité à l’égard de l’utilisation du langage inclusif et, plus généralement, à l’égard des discussions sur les questions de genre.

Le présent document a été élaboré par le secrétariat général d’AvenirSocial en collaboration avec le groupe de travail germanophone LGBTIAQ*. Il entend montrer pourquoi la possibilité d’utiliser un langage qui répond aux exigences des destinataires est fondamentale pour la pratique professionnelle, participant ainsi au sentiment d’être entendu·e et compris·e par les professionnel·le·s. Le langage inclusif permet alors d’établir des relations de confiance avec les publics du travail social. En raison de la collaboration avec le groupe de travail LGBTIAQ*, de nombreux exemples présentés ciaprès concernent l’utilisation d’un langage sensible aux questions de genre. Nous tenons toutefois à souligner que le contenu de ce document peut être appliqué à tous les aspects d’une utilisation non-discriminatoire de la langue (par exemple antiraciste, respectueuse des personnes en situation de handicap, évitant l’âgisme, etc.). C’est aussi la raison pour laquelle nous utilisons le terme générique de langage inclusif.

2. Pourquoi les professionnel·le·s devraient utiliser un langage inclusif ?

2.1. Affirmer leur identité professionnelle

En vertu des missions inhérentes à leur métier, les professionnel·le·s du travail social sont tenu·e·s de promouvoir des changements en faveur du bien-être des destinataires, de leurs collègues et d’une société équitable. Dans ce sens, l’utilisation d’un langage inclusif est une déclaration politique et professionnelle qui s’insère dans le cadre de la pratique professionnelle.

Le Code de déontologie du travail social en Suisse stipule que les professionnel·le·s doivent reconnaître l’égalité de tous les êtres humains (8.2), refuser toute discrimination (9.4), reconnaître les différences (9.5), éviter toute formulation discriminatoire ou dépréciative (12.5), en particulier lorsque les circonstances les placent en contradiction avec les autorités desquelles iels sont directement dépendant·e·s (10.4).

  • 8.2 Les professionnel·le·s du travail social accordent la même valeur à toute personne en raison de sa dignité, indépendamment du genre, de la race, du statut ou de particularités individuelles. De plus, [iels] respectent les valeurs de base que sont la justice, l’égalité et la liberté, auxquelles tout individu a droit de manière inaliénable.
  • 9.4 La discrimination, qu’elle soit basée sur les capacités, l’âge, la culture, le genre et le sexe, le statut matrimonial, le statut socio-économique, les opinions politiques, les caractéristiques corporelles, l’orientation sexuelle ou la religion ne peut et ne doit pas être tolérée par les professionnel·le·s du travail social.
  • 9.5 Les professionnel·le·s du travail social reconnaissent la justice sociale, l’égalité et l’égale valeur de tous les êtres humains. Ainsi [iels] respectent les particularités ethniques et culturelles et prennent en considération les différences entre tous les êtres humains, entre tout groupe ou communauté. Cependant la priorité va à la promotion expresse de l’acceptation inconditionnelle des normes et valeurs de portée générale qui ne violent pas les droits humains et qui valent pour tous les êtres humains.
  • 10.4 Les professionnel·le·s du travail social basent leur travail avec les [destinataires] sur la confiance et la considération. [Iels] les informent sur leurs moyens et leurs limites, sur leur manière de travailler et leurs choix méthodologiques, sur leur pouvoir et leurs compétences ainsi que sur l’implication d’autres professionnel·le·s. [Iels] construisent leur agir professionnel selon les critères théoriques, méthodologiques et éthiques de leur profession ;  cela s’applique aussi et en particulier lorsque les circonstances les placent en contradiction avec les autorités desquelles [iels] sont directement dépendant·e·s.
  • 12.5 Les professionnel·le·s du travail social documentent leurs activités selon les standards reconnus (tenue des dossiers) ; [iels] évitent toute formulation discriminatoire ou dépréciative et font bien la distinction entre faits vérifiables, observations propres ou observations d’autrui ainsi qu’entre hypothèses, explications et interprétations.

Ainsi, en vertu du code de déontologie, les professionnel·le·s du travail social sont tenu·e·s d’utiliser un langage inclusif, adapté aux destinataires, même lorsque leur employeur·euse ou l’organe responsable de leur organisation le leur interdit. C’est le seul moyen de garantir la création d’espaces au sein desquels les personnes se sentent bienvenues et en sécurité.

En 2014, la Fédération internationale du travail social (IFSW) a établi, dans le cadre de la définition internationale du travail social, l’engagement de la profession concernant les questions de genre : « Les professionnel·le·s du travail social doivent s’engager à améliorer le bien-être des personnes dont l’identité sexuelle, l’orientation sexuelle ou l’expression de genre peuvent différer de la norme, en tant qu’aspect essentiel de l’engagement éthique et pratique de la profession en faveur des droits humains. » (IFSW, 2014, p. 1, traduction libre).

Rappelons aussi qu’en 1974, la Suisse a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales adoptée en 1950 par le Conseil de l’Europe. Elle est donc également soumise à la Cour européenne des droits de l’homme. L’article 14 de la Convention comprend une interdiction de discrimination que la Suisse s’est également engagée à respecter.

Art. 14 Interdiction de discrimination
La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.

Les professionnel·le·s du travail social ont le devoir de respecter le code de déontologie et la convention mentionnés précédemment. Iels doivent en revendiquer les principes et attirer l’attention sur les pratiques contraires. La brochure d’AvenirSocial sur la discrimination raciale (2021) résume les obligations des professionnel·le·s de la manière suivante : « Ce n’est pas parce qu’une action est légitime ou même requise du point de vue légal qu’elle est légitime en termes de droits humains. Ceci montre que pour le travail social, ces droits fonctionnent non seulement comme un cadre de référence majeur, mais également comme un outil d’analyse et un système de protection pour ses [destinataires]. La critique de la discrimination n’est donc pas une question facultative pour le travail social, c’est un élément clé d’une pratique qui se veut professionnelle et conforme aux droits humains. Dans ces conditions, le travail social ne dispose pas seulement d’un instrument d’action efficace, il a également une obligation plus large, celle de participer aux débats publics et à la vie politique. Il a ainsi pour mission de provoquer des changements structurels. » (p.8).

La profession elle-même n’est pas la seule à exiger l’engagement des professionnel·le·s. Les professionnel·le·s du travail social se voient également attribuer par divers expert·e·s un rôle important dans l’utilisation de la langue. Ainsi, Kübra Gümüşay, auteure du best-seller « Sprache und Sein », confie aux professionnel·le·s du travail social une mission décisive dans la résistance aux idéologies misanthropes. Les professionne·le·s du travail social disposent des connaissances et des ressources nécessaires pour s’y opposer. Il ne s’agit pas de discuter ouvertement du droit à l’existence d’autres personnes, mais de briser des visions du monde absolues et radicales (Gümüşay, 2020).

2.2. Lutter contre les discriminations

Le langage représente bien plus qu’un moyen de communication : c’est un puissant levier au changement (Haution-Pra, 2024). Mais le langage véhicule aussi des représentations sociales discriminatoires. Les professionnel·le·s du travail social n’en ont pas toujours conscience et les relaient parfois de façon involontaire (Bathoum et Dusingize, 2023). Les professionnel·le·s du travail social ont la responsabilité de reconnaître et de prévenir ces discriminations, afin d’éviter de graves conséquences pour les personnes avec lesquelles iels travaillent.

Il n’est pas rare d’entendre que ce n’est pas dramatique de nommer par maladresse une personne de manière erronée ou de faire une remarque désobligeante à son égard. La plupart de ces micro-agressions linguistiques ne sont pas perçues comme des dénigrements conscients, mais font partie de systèmes de valeurs dominants selon lesquels les personnes présentant certaines caractéristiques seraient perçues comme moins dignes de considération que d’autres. Une fois intériorisées, ces réflexions finissent par provoquer des inhibitions linguistiques […] durables et conditionnent la vitalité des langues (Razafimandimbimanana et Wacalie, 2019).

Une micro-agression fréquente est par exemple le mégenrage (misgendering, en anglais), c’est-à-dire le fait d’attribuer à une personne un genre auquel elle ne s’identifie pas. Dans la pratique, il s’agit souvent d’une erreur de dénomination récurrente et généralement inconsciente de la part d’institutions ou d’individus. En raison du manque de reconnaissance sociale des personnes non-binaires, la conscience des effets du mégenrage fait défaut, alors même qu’il porte atteinte aux besoins fondamentaux des personnes concernées. Ces micro-agressions peuvent accroître l’anxiété sociale et conduire à une situation de détresse chez les personnes concernées, ce qui conduit souvent à des problèmes de santé plus importants (Jacobsen et al., 2023).

Les micro-agressions sont un phénomène intersectionnel qui peut concerner tout le monde. La brochure d’AvenirSocial sur la discrimination raciale (2021) souligne que la violence raciste se manifeste aussi par l’utilisation de mots blessants. En tant que professionnel·le, il est crucial de réfléchir à son utilisation du langage, aux micro-agressions qui peuvent en résulter (même involontairement) et à la manière de les éviter. En cela, les professionnel·le·s sont aussi aidé·e·s par l’évolution de la langage au gré des changements sociaux (Amnesty International, 2022).

2.3. Créer des espaces sûrs grâce au langage inclusif

En tant que professionnel·le du travail social, il convient d’éviter à tout prix les effets négatifs de l’utilisation de la langue sur les destinataires. La langue doit plutôt être comprise comme un instrument qui peut faciliter l’accès des professionnel·le·s aux destinataires. Car les pratiques linguistiques peuvent être émancipatrices lorsqu’elles sont utilisées de manière créative et critique (Pullen Sansfaçon et Médico, 2021). Aussi, le langage rend visible l’approche et les valeurs des professionnel·le·s, raison pour laquelle l’utilisation du langage inclusif est pertinente et cohérente avec le travail social.

La langue offre aux professionnel·le·s un outil pour créer un lien avec le public qu’iels accompagnent. Ce n’est qu’à partir du moment où iels parlent un langage qui est compris par leurs destinataires et qui n’est pas perçu comme blessant, qu’il est possible d’établir une relation. Afin de pouvoir travailler avec les personnes concernées sur des sujets difficiles pour elleux, il faut créer un espace dans lequel iels sont en sécurité. Si les professionnel·le·s utilisent un langage dévalorisant, cet espace est compromis dès le départ. Bien que le langage inclusif à lui seul ne suffise pas à créer un espace sûr, il constitue une condition pour y parvenir.

2.4 Possibilités et limites du langage inclusif

Le présent document de référence entend montrer qu’il ne suffit pas d’appliquer simplement le langage inclusif sur la base d’un guide. Il faut, en parallèle, mener une réflexion approfondie sur l’utilisation de la langue. À cette fin, l’adaptation de la langue parlée et écrite peut être un bon point de départ. En revanche, toute adaptation de la langue peut aussi mener à de nouvelles inégalités. AvenirSocial renonce donc à évaluer les différentes options de mise en pratique du langage inclusif. En particulier, les différences géographiques, sociales et historiques du français oral et écrit rendent difficile la création d’un seul langage inclusif (Pullen Sansfaçon et Médico, 2021). Par conséquent, il est d’autant plus important d’avoir conscience des limites et des possibilités de sa propre langue et de les modifier sciemment dans une direction qui soit judicieuse d’un point de vue professionnel.

Les professionnel·le·s sont donc invité·e·s à une réflexion sur leur utilisation de la langue : Comment est-ce que je me désigne personnellement ? Pourquoi et sur la base de quelle supposition est-ce que je désigne les autres personnes d’une certaine façon ? Cela correspond-il à la manière dont ces personnes se désignent elles-mêmes ?

Appliquer formellement le langage inclusif n’est pas suffisant. Il faut également la volonté et l’intérêt des professionnel·le·s de s’aligner sur les réalités et les besoins des destinataires et des autres professionnel·le·s concerné·e·s, ainsi que de prendre la défense de ces intérêts vis-à-vis de tiers. Dans ce cadre, les professionnel·le·s ont le droit de se tromper. Aucune instance, même officielle ou supérieure, ne peut dicter l’usage du langage car chacun·e décide de la manière de s’exprimer. Il est donc temps d’oser la nouveauté et de se montrer créatif·ve·s. Car « comme l’attestent les mots ‘compositrice’ ou ‘sénatrice’, décriés dans les années 1980 pour leur sonorité désagréable, une forme surprenante pour les yeux et les oreilles ne le demeure pas longtemps » (Gigax et al., 2021, p.157). Plutôt que d’essayer de ne jamais faire d’erreurs et d’aspirer à être toujours « politiquement correct·e·s », les professionnel·le·s devraient se questionner sur l’impact de leur langage et les causes structurelles de son utilisation.

Ce qui vaut pour les professionnel·le·s concerne bien entendu aussi les établissements dans le domaine du travail social. Le langage inclusif n’est pas une responsabilité qui incombe seulement aux professionnel·le·s ou à la société. Au niveau institutionnel, l’utilisation de la langue doit être thématisée : d’une part, il faut que les professionnel·le·s définissent ensemble – avec les destinataires et la direction – l’utilisation et la mise en œuvre du langage inclusif au sein de leurs organisations ; d’autre part, il faut encourager une réflexion continue sur l’utilisation de la langue.

Afin de s’entraîner à l’utilisation du langage inclusif, mais aussi de comprendre sa répercussion sur les individus, une réflexion approfondie doit commencer dès la formation et se poursuivre régulièrement dans la pratique. Parce que la langue évolue constamment, il faut que la réflexion soit sans cesse renouvelée. Cela n’est pas évident et exige l’engagement de l’ensemble des acteur·rice·s pour le bien d’une langue inclusive et exempte de discriminations. Seul cet engagement peut permettre de désapprendre les mauvais usages langagiers.

3. Recommandations d’utilisation du langage inclusif

De fait que le langage inclusif est une expression globale qui comprend de nombreux outils linguistiques (Gygax, 2022), les recommandations les plus variées sur l’utilisation du langage sont disponibles. De nombreuses organisations de personnes concernées publient des guides pratiques et scientifiquement fondés sur la question. Quant à savoir si les professionnel·le·s en tiennent compte, cela dépend grandement de leur sensibilisation. Au chapitre 3.1, une sélection non-exhaustive de documents concernant différents aspects du langage inclusif est présentée. Il s’agit d’une compilation élargie des recommandations faites par les membres du groupe de travail LGBTIAQ* d’AvenirSocial.

Concernant les recommandations sur l’utilisation de la langue, AvenirSocial s’en tient aux principes de toutes les organisations de défense des droits humains : « [Nous sommes] une organisation engagée dans la lutte contre les violations des droits humains, la discrimination et l’exclusion. Il est donc évident qu’une communication sensible au genre et [non discriminatoire] soit jugée essentielle […] » (Amnesty International, 2022, p. 3)

Jusqu’à présent, AvenirSocial a publié un guide qui donnent des recommandations concrètes sur l’utilisation du langage à différents niveaux. Ce guide du langage non binaire, utilisé depuis 2020 au sein de l’association et accessible au public, définit l’utilisation écrite et orale du langage de l’association. L’objectif de ce guide est également de montrer aux professionnel·le·s les règles linguistiques recommandées par l’association professionnelle. Il se concentre sur les aspects de genre du langage inclusif, car ils sont ancrés de manière particulière dans la langue française (tous les noms ont un genre, ce qui n’est pas le cas dans toutes les langues). Outre le guide, un échange permanent a lieu sur l’utilisation de la langue au sein de l’association. Ainsi, par exemple, le mot « destinataire » est actuellement utilisés et non plus « bénéficiaire », « usager » ou « client ». L’important n’est pas de savoir exactement quels mots sont utilisés, mais de ne pas les considérer comme absolus. Les mots doivent pouvoir être développés en permanence et adaptés à l’état actuel des connaissances et de la réflexion.

3.1. Recommandations pratiques en faveur du langage inclusif

Les guides pratiques qui suivent sont classés en fonction des destinataires à qui ils sont particulièrement destinés. Cela ne signifie pas que ces recommandations doivent nécessairement être mobilisées avec ce groupe cible, car tous ces documents proposent des pistes pour une réflexion de fond sur l’utilisation de son propre langage. La liste suivante est classée par type de document et par année de publication. Les documents en libre accès sont présentés en premier, ceux qui sont payants en dernier.

Utilisation générale de la langue

  • Glossaire langage inclusif, Amnesty International, 2022, (Site web)
  • Guide de langage non-binaire, AvenirSocial, 2020, (E-document)
  • Le cerveau pense-t-il au masculin ? Cerveau, langage et représentations sociales, Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, 2021, (Livre)

Racisme

Personnes queer

Enfants et adolescent·e·s queer

Handicap

4. Appel à l’action

Expliquer les principes fondamentaux du travail social et exiger leur application

Les professionnel·le·s du travail social sont invité·e·s à expliquer à leurs employeur·euse·s et aux organismes responsables les obligations qui découlent du code de déontologie et à exiger leur mise en œuvre. Iels ont le devoir d’exiger à tout moment l’utilisation d’un langage inclusif pour elleuxmêmes et de s’engager à ce qu’il soit également utilisé par l’ensemble des autres acteur·rice·s de la société.

Se pencher sur sa propre utilisation du langage

Il est important que l’ensemble des professionnel·le·s réfléchissent régulièrement à leur utilisation du langage. Pour cela, les professionnel·le·s peuvent se poser les questions suivantes : Comment est-ce que je me désigne personnellement ? Quelles désignations est-ce que j’utilise pour les autres, et pourquoi ? Quel est le langage utilisé par les destinataires ? Me comprennentiels ? Est-ce que je m’adresse correctement à elleux ? Est-ce que ma façon de m’exprimer est discriminante pour certaines personnes ? Comment est-ce que je m’engage au niveau structurel pour ce thème ?

Autoriser les erreurs et s’entraîner

Il est permis de commettre des erreurs et c’est même nécessaire pour une confrontation individuelle. Ce n’est qu’en prenant conscience de ses erreurs et en s’exerçant concrètement que le rapport personnel au langage évolue. Il est donc important d’aborder explicitement le langage inclusif dans le cadre de la formation. La transparence vis-à-vis des destinataires, en indiquant que l’on se trouve dans un processus d’apprentissage et que des erreurs arrivent parfois, malgré nos efforts pour les éviter, est un signe de respect et peut renforcer les espaces sûrs.

Créer des espaces sûrs grâce au langage inclusif

Un point essentiel pour les destinataires concerné·e·s est la manière dont les professionnel·le·s réagissent lorsqu’on attire leur attention sur des micro-agressions, comme le fait de mégenrer ou toute autre forme de discrimination. Souvent, les professionnel·le·s ont une réaction négative, voire agressive, lorsque les personnes concernées leur signalent ce problème. Cela provoque une nouvelle blessure et génère une distance avec les destinataires. La bonne attitude face à ce cas de figure pourrait être d’accueillir la remarque de manière neutre, de remercier et de s’excuser brièvement avant de corriger la phrase et de poursuivre. Une réaction professionnelle à cette situation permet de renforcer la pratique personnelle et la relation avec la personne, ainsi que l’espace sûr pour cette dernière.

AvenirSocial invite l’ensemble des professionnel·le·s à se pencher sur leur utilisation du langage, afin d’éviter à l’avenir des exclusions linguistiques et de créer des espaces sûrs pour l’ensemble des destinataires et des professionnel·le·s. L’engagement politique des professionnel·le·s est nécessaire pour la reconnaissance de toutes les personnes et pour une société plus inclusive.

5. Ressources bibliographiques

Amnesty International. (2022). Guide de langage inclusif : un guide destiné aux membres et au personnel d’Amnesty international section suisse. https://www.amnesty.ch/fr/sur-amnesty/langage-inclusif/langage-inclusif/20210210_guide-langage-inclusif-fr.pdf

AvenirSocial. (2021). Discrimination raciale et protection contre la discrimination : applications concrètes. Berne, AvenirSocial. https://avenirsocial.ch/wp-content/uploads/2021/10/WEB_RasDis_FR.pdf

Bathoum, R. & Dusingize, M-F. (2023). Le travail social face à la question raciale. Union des villes et des communes de la Wallonie et la Fédération des CPAS. De l’exil à l’avenir. https://hal.science/hal-04259672

Beck, S. ; Diethelm, A. ; Kerssies, M. ; Grand, O. & Schmocker, B. (2010). Code de déontologie du travail social en Suisse. Berne, AvenirSocial. http://avenirsocial.ch/wp-content/uploads/2018/12/SCR_Berufskodex_Fr_A5_db_221020.pdf

Confédération suisse (1950). Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1974/2151_2151_2151/fr

Gümüşay, K. (2020). Sprache und Sein. München : Hanser Berlin.

Gygax, P.; Zufferey, S. & Gabriel, U. (2021). Le cerveau pense-t-il au masculin ? Cerveau, langage et représentations sexistes. Paris : Le Robert.

Gygax, P. (2022). L’évolution du langage, un élément essentiel à l’égalité. Reiso. https://www.reiso.org/actualites/fil-de-l-actu/10014-l-evolution-du-langage-un-element-essentiel-a-l-egalite

Haution-Pra, M. (2024). Pouvoir transformateur du langage en travail social. Reiso [en ligne]. https://www.reiso.org/document/12658

Jacobsen, K., Davis, C. E., Burchell, D., Rutherford, L., Lachowsky, N., Bauer, G., & Scheim, A. (2023). Misgendering and the health and wellbeing of nonbinary people in Canada. International Journal of Transgender Health, 1–15. https://doi.org/10.1080/26895269.2023.2278064

Pullen Sansfaçon, A. et Médico, D. (2021). Jeunes trans et non-binaires : de l’accompagnement à l’affirmation. Montréal : Éditions Remue-Ménage.

Razafimandimbimanana, E. & Wacalie, F. (2019). Les micro-agressions linguistiques. Hermès, La Revue, 2019/1 n° 83. pp. 156-157. https://doi.org/10.3917/herm.083.0156

6. Editions

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